Couverture du livre L'inverse du sang de Rachel Bergeron

L’inverse du sang

Rachel Bergeron

2022

250 pages

ISBN 978‑2‑924837‑08‑5

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Rachel Bergeron est née en 1987 sur la Couronne Nord de Montréal et vit maintenant dans la région de Charlevoix. Elle est intervenante jeunesse et poète.

En 2017, Rachel publiait Ventres, son premier recueil de poésie, aux éditions de la Tournure. Après des années de réécriture acharnée, elle signe maintenant L’inverse du sang, un magnifique collage de formes percutantes qui met à jour les souvenirs heureux et les longs étiolements d’une relation grugeant patience et potentiel.

L’inverse du sang

Rachel Bergeron

Roman non-linéaire et fragmenté d’une relation toxique qui oblige à se sortir des aliénations vieilles comme récentes, la narratrice s’adresse à une version antérieure d’elle-même qui ignore encore ce qui est en train de la détruire, mais sachant néanmoins la nécessité de la fuite. L’inverse du sang est un récit-ovni, une mosaïque de proses, poèmes, monologues, scénarios et pages blanches qui révèle la mécanique des beautés et des nuisances que les amours maladroites nous laissent en héritage, du lac à la morgue, peut-être, en passant par des traversiers dont on a oublié les noms.

Ce roman porte la mémoire d’une colère sourde et en appelle des sororités, celles qui n’ont attendu aucune permission pour s’épanouir et celles qui sont toujours à construire, sur de fragiles pilotis sans cesse surveillés.

Tu ne tolères plus le silence : les linges rougis et souillés de la mise à mort de ces petits fœtus hurlants se promènent comme des fantômes dans l’arbre généalogique. Il n’y a pas de raison de nier l’hémorragie que tu es la seule à déterrer. Car tu es fatiguée de taire ces seaux pleins de placentas qui ballotent d’un coït à l’autre. Ton corps te rappelle toujours les femmes disparues et honteuses d’avoir engendré, bien malgré elles, des jeunes filles consanguines devenues autant de religieuses. Tu te lèves chaque jour plus boursouflée que la veille de la démence des ancêtres. Tu vis l’homicide de toutes les femmes qui t’ont engendrée et de tous les hommes qui les ont tirées par les cheveux, les méprisant d’une rive à l’autre de leur aliénation.

Ce qu’on continue de cacher ne perd pas de sa vigueur, mais ce qu’on peut nommer, oui. Alors, tu le dis : ces filles qui enterraient leur enfant, leur honte dans le jardin, tu les connais; elles sont tes mères, tes grands-mères, tes absences et ta furie.