Couverture du livre Le visage d’A. B. Soloviev de Paule Dagenais

Le visage d’A. B. Soloviev

Paule Dagenais

2020

280 pages

ISBN 9782924837061

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Paule Dagenais est née en 1989 à Montréal. Physicienne le jour, poétesse la nuit, elle oscille entre le plaisir des mots et la beauté des nombres. Le visage d’A. B. Soloviev est son premier roman, le récit d’une errance en prose poétique, miroir déformant d’une vie partagée entre la Suisse et le Québec.

Le visage
d’A. B. Soloviev

Paule Dagenais

Dans ce premier roman des plus sensoriels, Paule Dagenais nous fait parcourir les tragiques et banals aléas des amours dépassés et ceux déjà fuyants – ceux qui néanmoins perdurent dans la chair et les ruminations troubles d’une jeune femme envoûtante qui nous offre à lire une partition passionnante aux mouvements des plus singuliers –, entre le froid et les rencontres hasardeuses à Montréal, l’existence laissée derrière en Suisse ainsi que la chaleur morose des sentiers trop longtemps abandonnés. Portrait d’une jeunesse qui promène son intelligence déçue et se blesse à la fête, ce récit en prose poétique s’allonge tels les apéros sans fin sous le soleil de Morcote, village auréolé de mystères et d’audaces où l’on se baigne sans jamais éteindre la grande soif.

Les avions détournés ne sont rien de plus que les vagues retailles d’un songe, les prisons et les procès paraissent tout aussi improbables que de sortir de ce village, de cette chaleur. Dans les théâtres sans décors, en plein air, une seule scène peut se jouer à la fois. Les fantômes du passé révolutionnaire sont morts, ne restent plus que de vieux échos berçant la nostalgie des passions révolues dans les rides de l’amour, dans le rire des amantes sans âge, dans l’été aride d’un long rite d’affranchissement. Nous remontons la route sans Pietro Bresci, sans bruit, ainsi que nous sommes venus. S’il pouvait y avoir des arbres entre les maisons, si elles devaient ressembler moins à des grappes de corail, si elles étaient moins pleines de lézards dans leur porosité, qu’un peu d’humidité puisse adoucir la claque brûlante du soleil, si nos pas ensorcelés ne tanguaient pas tant sous la chaleur, alors peut-être, nous saurions nous dire l’essentiel, car nous parlons le même langage, mais nous ne le parlons jamais en même temps.